Intervention de “la shoah hors les murs” pour les 3°3

A l’initiative de Mme Boucly, professeur d’histoire-géographie, et en présence de M. Tasselli, professeur de français, un intervenant du Mémorial de la Shoah à Paris est venu pour la classe de 3°3.

Ilya Fellous a mené un échange avec les élèves : partant de la Shoah, le génocide juif étudié en cours, il leur a demandé quels autres génocides ils connaissaient. Ces derniers ont mentionné le génocide passé arménien en 1915/16 et le génocide présent des ouïghours, population musulmane minoritaire opprimée en Chine, dont ils entendent parler sur les réseaux sociaux. Lui-même a évoqué également le génocide des Tutsies au Rwanda, datant de 1994.

Dans tous les cas, il leur a fait remarquer que les situations génocidaires étaient menées par des Etats, et les a invités à regarder les vidéos du Monde sur Youtube.

En ce qui concerne la Shoah elle-même, ce n’est que cinquante ans après 1945, en 1995, qu’il y a eu reconnaissance par l’Etat de son implication. En 1950, en effet, le Mémorial n’était qu’un centre d’archives et aucun mémorial n’existait encore dans le monde.

Le génocide juif représente 6 millions environ de victimes et faire une minute de silence pour chaque victime prendrait 11 années de temps ! Parler des génocides est une façon de les combattre face à l’idéologie dominante de l’économie et de l’argent…

Les élèves sont alors invités à noter de façon anonyme un ou des préjugés racistes déjà entendus par eux sur une feuille et une fois ces feuilles dépouillées, les plus courants sont notés au tableau. Pour répondre à la question : d’où viennent-ils ?, il apporte une explication historique. en 1877, le livre “Le tour de France par deux enfants” aux éditions Belin fait partie des lectures incontournables. L’intervenant en projette un extrait illustré des 4 races d’hommes existantes – à noter les mots “noir”, “blanc”, “jaune”, “rouge” (les couleurs primaires ! ) qui ne sont malheureusement pas à l’époque des caricatures ! Et pourtant personne n’est tout noir, tout blanc, tout jaune ou tout rouge, ça n’existe pas ! 

Il explique que pour comprendre le racisme, on doit avoir à l’esprit deux périodes importantes : celle de la colonisation et celle de l’esclavage. Il fait référence à la controverse de Valladolid qui a conclu que les Amérindiens étaient des êtres humains mais pas les Africains, car ils étaient bien trop nécessaires aux esclavagistes. 

On en arrive à l’idée que les personnes de couleur souffrent de préjugés où elles sont animalisées ou réduites à leur corps. Quant aux asiatiques, les préjugés les touchant les réduisent à des enfants que l’on peut donc dominer. Des publicités sont projetées pour faire comprendre aux élèves comment des idéologies sont véhiculées ; la bande dessinée, les dessins animés (les Disney d’avant les années 80 par exemple), l’humour, mais aussi les affiches peuvent être d’autres relayeurs de préjugés. C’est ainsi qu’ils persistent dans le temps.

L’intervenant insiste sur le fait que le racisme, c’est l’uniformisation “tous les … sont…”, c’est la négation de l’individu, unique. Un détail est appliqué à tous, pour facilement les reconnaître. 

Il conclut sur le cas d’une petite fille juive de la seconde guerre mondiale, recensée avec les tampons “juive” et “étranger, à surveiller” sur sa pièce d’identité : alors que cette enfant était française, on l’a cataloguée comme un danger. On retrouve sa trace sur un registre de déportation, elle a fini assassinée.