Mémorial de la SHOAH « hors les murs » : atelier de deux heures et demie pour les cinq classes de troisième

Anaïs Bacquet et Esra Blohberger, médiatrices pédagogiques du Mémorial de la Shoah, sont intervenues auprès de nos 3° les 29 et 30 mars 2023, pour un atelier citoyen de deux heures trente.

Cet atelier présente ce que sont les préjugés racistes, comment ils naissent et sont véhiculés.

La rencontre commence par la question posée à nos élèves du pourquoi de leur présence à cet atelier. En réponse, l’animatrice présente le Mémorial , très central à Paris, situé dans le quartier du Marais, et qui est un lieu de mémoire pour la Shoah. Il s’agit d’un mot hébreu signifiant la catastrophe, sur le génocide des juifs, un génocide étant l’assassinat systématique planifié d’un peuple par l’Etat en raison de différents critères dont la religion. Le Mémorial est avant tout un centre d’archives. Puis l’animatrice définit avec les élèves ce qu’est un préjugé : c’est comme une étiquette qu’on met sur une personne, c’est un a priori, une discrimination. Il existe aussi des préjugés positifs, pour autant cela reste des préjugés qui peuvent impacter un groupe de personnes. En définitive, c’est un filtre qui empêche d’être objectif.

Pour analyser les préjugés, il faut revenir sur leur origine. Une première consigne est donnée, projetée aux élèves : écrire de façon anonyme et même si l’on y adhère pas, un préjugé entendu sur une ou des catégories de personnes. Plusieurs préjugés sont passés en revue, comme celui des juifs constamment liés à l’argent. Il faut savoir que l’antisémitisme (l’hostilité avec les juifs) n’est pas né avec le nazisme, cette haine très ancienne remonte à la trahison de Judas (juif qui a trahi Jésus, autre juif). Le juif, perçu comme peuple déicide, est devenu un bouc émissaire. Concernant le lien avec l’argent, les juifs n’avaient pas droit à certains métiers et les catholiques ne prenaient pas les métiers liés à l’argent, les juifs se sont donc emparés de ces métiers laissés de côté. Des affiches (datant de 1898, de la 2nde GM et de 1937) sont projetées sur la représentation du juif, le montrant vouloir dominer le monde, affiches reprenant les mêmes codes iconographiques caricaturaux. Le nazisme a récupéré une haine existante et s’en est servi. Malheureusement l’imaginaire d’il y a un siècle est encore vivant aujourd’hui et peut être meurtrier, peut amener à des agressions.

De la même façon, des préjugés sur les arabes sont déconstruits, en commençant par définir ce qu’est un arabe, à savoir : une personne qui parle la langue arabe. Une diapo est montrée d’une carte du monde arabe : Maghreb et péninsule arabique. Il faut prendre conscience que les arabes ne sont pas tous des musulmans et les musulmans ne sont pas tous arabes. Le préjugé de l’arabe voleur, quant à lui, a été véhiculé par la représentation dans la culture populaire, les films, les dessins animés comme « Aladin » ou bien encore « Ali Baba et les quarante voleurs », d’où la naissance de l’idée qu’ils « voleraient » le travail des Français.

En conclusion, en entendant une généralisation, la première des choses à faire est de se poser la question : de qui, de quoi parle-t-on précisément ?

Autre déclinaison de préjugé : les noirs, déshumanisés, utilisant, dans des publicités, une langue « petit nègre » créée autrefois par l’armée française qui considérait qu’ils n’étaient pas capables d’apprendre la langue française…

Nos élèves se mettent ensuite au travail pour réaliser en groupes des affiches avec slogan mettant en scène un préjugé déconstruit qu’ils présentent brièvement à l’oral.